WWE Backlash 2024 ou 20 ans d’histoire du catch en France

Pour la WWE, Backlash France est juste un autre samedi. Mais pour le catch français, c’est l’apogée de vingt ans d’histoire.

[DISCLAIMER : Cet article a été initialement rédigé en anglais et publié par Post Wrestling, le mercredi 1er mai. Par ailleurs, ceci est une version légèrement augmentée et actualisée.]

Les 3 et 4 mai, avec Smackdown puis Backlash France près de Lyon, il ne s’agira que d’une autre visite lucrative outre-Atlantique pour la WWE. Mais pour l’histoire du catch français, ce weekend pourrait être considéré comme un nouveau chapitre. Car depuis près de vingt ans, cette histoire peine encore à s’extirper de l’ombre de la WWE.

Juste un autre record ?

L’enregistrement d’une édition de Smackdown ce vendredi et la diffusion de Backlash France en direct, ce samedi, de la LDLC Arena auront lieu à Décines-Charpieu, une banlieue à 10 kilomètres à l’est de Lyon, la troisième ville de France, où se situe le Groupama Stadium, la résidence de l’Olympique Lyonnais. Les deux shows représenteront la première fois qu’une émission de télévision et qu’un événement payant (en « pay-per-view » ou un « premium live event », en streaming) de la WWE sont organisés dans l’Hexagone. Et ils seront suivis d’un « house-show » (show non-télévisé) à Aix-en-Provence le lendemain, qui clôturera la première tournée européenne de l’année (qui a débuté par Bologne le 1er mai et Vienne le 2 mai).

Pour les aficionados de chiffres, la WWE a visité la France au moins une fois par an depuis 2007 (hormis en 2020 et en 2021, pendant la pandémie de Covid-19). Parmi les 57 événements organisés jusqu’ici, elle s’est rendue à Lyon déjà six fois avant ce weekend. D’abord au Palais des Sports Gerland de 6 500 places puis, jusqu’à sa dernière visite en 2016, à la Halle Tony Garnier, une salle de 17 000 places en plein centre-ville. La LDLC Arena, dont le nom fait référence au site de vente informatique en ligne, s’est ouverte en novembre 2023. Et d’après le dernier décompte de WrestleTix du 26 avril, plus de 12 600 fans (sur 16 000 sièges) sont attendus pour Backlash (et ses prix exorbitants malgré de récentes promos pour remplir les places restantes). Show dont l’affiche (de cinq combats annoncés) comporte le nouveau champion incontesté, Cody Rhodes, face à AJ Styles.

La WWE (ou plutôt la World Wrestling Federation, encore à l’époque) a initialement investi le marché français avec son arrivée sur Canal+ en décembre 1985, un an après le lancement de la première chaîne payante du pays. L’émission d’alors, Les Superstars du Catch, était une adaptation française de Superstars, le show-phare de la compagnie à l’époque, coproduite au Canada et commentée par des légendes du catch québecois comme Edouard Carpentier ou Raymond Rougeau. Le deal comprenait également la diffusion sporadique de shows comme WrestleMania ou SummerSlam. Pendant un bref instant, la WWE n’était pas la seule compagnie de catch américain disponible en France et a partagé les ondes avec l’AWA ou la WCCW. Elle a néanmoins imposé son hégémonie aux États-Unis et a ainsi continué d’être diffusé sur Canal+ jusqu’en janvier 2002*. Et elle a tiré de cette relation cinq visites – en 1987, 1988, 1989, 1991 et 1993 – toutes au Palais omnisport de Paris-Bercy (aujourd’hui Accor Arena). Surtout, la WWE a débarqué à un moment charnière dans l’histoire du catch français, lequel était probablement au plus bas – étant réduit à recourir à de piteuses stratégies pour attirer ses clients, comme des combats de catch féminin seins nus.

En 1985, quand la WWE a fait son entrée, le catch n’était plus diffusé que très sporadiquement et très tard sur France 3 et s’apprêtait à en disparaître complètement deux années plus tard (en ne comptant pas les quelques tentatives vérolées de le raviver au fil des années). A bien des égards, le catch français a suivi la même trajectoire que le catch britannique, dont la principale plateforme télévisuelle – le magazine sportif World of Sport sur ITV (l’équivalent de TF1) – s’est évaporée en 1985.

La croisée des chemins

La France comptait pourtant parmi les principaux pays européens à l’origine du catch (ou de la « lutte professionnelle »), aux côtés du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Au début du siècle dernier, elle a accueilli les premiers tournois internationaux, auxquels a participé le Russe George Hackenschmidt, le premier « champion du monde » reconnu par la profession depuis sa victoire de 1905 aux États-Unis. Mais le vrai âge d’or du catch français s’est surtout ouvert avec la révolution télévisuelle de l’après-Seconde guerre mondiale. Rendez-vous réguliers des actualités filmées de Pathé ou de Gaumont puis des premiers journaux télévisés, il a eu droit à son propre programme sur la seule et unique chaîne de la RTF en février 1957, baptisé sobrement Catch. Contrairement à World of Sport, l’émission n’a jamais eu de périodicité régulière, étant diffusée de quelques fois jusqu’à 33 fois par an selon les années. Cette irrégularité ne l’a néanmoins pas empêché de devenir l’un des piliers de croissance de la télévision et de la culture populaire d’après guerre.

Cette percée du catch à la fin des années 1950 a évidemment donné naissance à toute une génération de fans et de figures emblématiques à la stature équivalente de celle de Big Daddy ou Giant Haystacks dans l’esprit de leurs contemporains britanniques. Que ce soit Roger Delaporte, le blouson noir à moustache un brin chanteur qui organisera plus tard les matchs seins nus, ou l’Ange Blanc, une copie conforme du personnage d’El Santo, inventée en 1959 par le célèbre commentateur Roger Couderc et incarnée par un athlète espagnol, sept ans après l’original. Le catch d’alors était surtout cantonné à Paris et orchestré par une poignée de promoteurs (comme la poisseuse Fédération française de catch professionnelle) contrôlant les principales salles (comme le Cirque d’Hiver, où s’est joué un rare house-show de NXT en 2018) et, avec elles, la scène nationale tout entière. Mais comme pour son voisin outre-Manche, le catch français a raté le coche des profonds changements socio-politiques de la fin des années 1960.

C’est du moins l’avis éclairé du documentaliste Nathan Maingneur, qui a consacré son projet de fin d’étude en Histoire de l’Europe et des civilisations à la place du catch au début de la télévision française, et a creusé pour cela dans les archives de l’Institut national audiovisuel (INA) en 2022. « J’en ai eu l’idée en tombant sur des GIF d’extraits de ces archives sur mon fil Twitter, explique-t-il. Les fans anglophones se disaient tous impressionnés de la voltige avant-gardiste des catcheurs français de la fin des années 1950 alors que les fans français n’en avaient jamais rien vu et s’en désintéressaient complètement. » En retraçant l’histoire de ce catch d’antan, parfaitement encapsulé en 1957 par l’essai « Le monde où l’on catche » du philosophe Roland Barthes, il a clairement constaté un point de rupture. « De mon point de vue, même s’il était encore largement diffusé à la télévision à ce moment-là, le catch a progressivement perdu son public puis sa place à l’écran à partir de la moitié des années 1960. Les conséquences de la guerre d’Algérie et, de surcroît, de Mai ’68 [avec, par exemple, la démission du président Charles De Gaulle en 1969 ; NDLR] a éloigné les valeurs morales chrétiennes et le virilisme à papa des nouveaux prismes sociaux, politiques et culturels émergents. Ces mêmes valeurs, jusqu’ici dominantes, sur lesquelles s’appuyaient toutes les conventions manichéennes du catch français. C’est pour dire, André Le Géant, qui a débuté en France en 1966 sous le nom Jean Ferré, n’a même pas réussi à pénétrer l’imaginaire collectif de l’époque. »

Cela étant, en ne parvenant pas à renouveler leur approche, les promoteurs et les catcheurs français ont à partager la responsabilité du long âge sombre qui a suivi. Sturry, qui regrette de devoir se qualifier comme « l’influenceur du catch en France » malgré ses 100 000 abonnés sur YouTube et 31 000 sur Twitch, pouvait encore sentir cette torpeur poussiéreuse quand il a fait ses débuts en 2000, d’abord en tant qu’arbitre puis en tant que catcheur. « A l’époque, le circuit était encore sous l’influence d’une vieille garde, d’anciens catcheurs de l’époque ou leurs disciples qui continuaient à enseigner et à penser le catch comme avant. Et ce, alors même que les nouveaux venus, comme moi, se constituaient surtout de fans de catch américain ou japonais, élevés avec Canal+ ou sur Internet, et cherchaient à rafraîchir un peu tout cela. »

La génération WWE

Ce choc des générations n’a fait que s’intensifier lorsque la WWE a profité d’une nouvelle modernisation et expansion de la télévision française en novembre 2006. En mars 2005, quatorze nouvelles chaînes nationales sont ajoutées aux six préexistantes grâce au lancement d’une nouvelle technologie de diffusion numérique, la TNT. Pour remplir ses grilles, la onzième chaîne, NT1 (ou aujourd’hui TFX), s’octroie les droits de diffusion de la WWE, la propulsant sur une antenne nationale pour la première fois en France, avec Catch Attack sur un créneau de fin de soirée chaque samedi soir. Depuis la fin de son séjour sur Canal+ en 2002, la WWE était jusqu’alors seulement diffusé sur RLT9, une chaîne câblée qui avait commencé avec le catch en 2000 avec WCW Monday Nitro.

En 2007, la WWE a ainsi fait son retour à Paris-Bercy avec deux dates, une en avril et une en septembre, pour la première fois en 1993. La même année, elle avait enregistré Raw et Smackdown à Milan, en Italie, les derniers événements ce genre en Europe (en dehors du Royaume-Uni) jusqu’à ce weekend. Engrangeant rapidement des audiences plus que satisfaisantes, NT1 décide de mettre le paquet en ajoutant une seconde émission, une autre version raccourcie et décalée de Smackdown en fin de vendredi soir, et en repositionnant la première, une version similaire de Raw, en prime-time le samedi. Dès mars 2009, les deux programmes – regroupant chacun autour de 600 000 téléspectateurs, soit plus de 3% de parts de marché – sont montrés dans des versions intégrales avec seulement une semaine de retard. La mode du catch était née et avec elle, la « génération Catch Attack ou NT1 » comme elle se surnomme encore aujourd’hui. Pour la première fois, les fans pouvaient trouver en libraire non pas un mais plusieurs magazines (dont Génération Catch en juin et Planète Catch en septembre 2008, les deux précurseurs, puis une version française du WWE Magazine dès novembre 2008) ainsi que des figurines, des jeux-vidéo, des DVD et des CD en magasin. Sur Internet, les vieux forums sont rapidement remplacés par une communauté bourgeonnante de sites web encore très amateurs. La TNA s’est même essayée à la chose, se retrouvant en fin de soirée sur W9, la neuvième chaîne, pour moins d’un an dès octobre 2009 et se rendant à Paris pour trois shows au Zénith (un en 2010 – l’autre ayant été annulé pour laisser la place à une émission caritative spéciale suite à un séisme à Haïti – et deux en 2011, rassemblant moins de 2 500 fans chacun). Même la PWG, pour sa seconde tournée européenne, a fait une escale en France (au studio Jenny de Nanterre, chef-lieu de l’APC). Mais plus important encore, cette mode a offert à la scène locale l’étincelle dont elle avait désespéramment besoin pour se reconstruire.

D’après les archives du site Cagematch (qui ne reflètent pas exactement la réalité, surtout pour ce qui est des données des années 2000, mais traduisent au moins une tendance de fond), dix à vingt shows par an (toutes promotions confondues) pouvait être qualifiée de bon cru pour les standards du catch français avant l’arrivé de la WWE sur NT1. Et un très petit nombre de promotions très régionalisées les organisaient. Mais en 2007, plus de cinquante shows sont recensés – une première depuis longtemps – et certains de la part de nouvelles structures. Entre 2009 et 2011, des années durant lesquelles la WWE visitait le pays sept à neuf fois par an, Cagematch liste 68 à 97 galas par an, parfois devant 6 000 à 8 000 fans. Malheureusement, la bulle a fini par éclater.

© Félix Gouty – 2024

Les audiences dépérissant, NT1 déprogramme d’abord Catch Attack en fin de soirée en 2012 afin de s’en séparer définitivement en juin 2014. Et ce, juste deux mois après que son duo iconique de commentateurs – Christophe Agius, qui a commencé en publiant son propre « dirt sheet », et le commentateur sportif, Philippe Chéreau – s’était retrouvé pour la première fois aux États-Unis, pour commenter WrestleMania 30. Duo sans qui beaucoup de fans ne le de l’époque seraient pas aujourd’hui, tant Agius et Chéreau ont été (et on l’oublie souvent) les comédiens de doublage des stars de cette période. Ils commenteront d’ailleurs Backlash en direct pour AB1. RTL9, alors toujours diffuseur de la WWE sur le câble, s’est également libéré de Puissance Catch en 2016 avant de passer la main à AB1 (chaîne du même groupe Mediawan Thematics depuis 2017) en 2018. Cette même chaîne compte actuellement toute une panoplie de programmes de la WWE (dont NXT, la série Young Rock et le magazine WWE Rivals) et diffusera Backlash France avec trois jours de décalage pour laisser l’exclusivité du direct au WWE Network (ou Peacock outre-Atlantique). L’Équipe 21, 21ème chaîne nationale après une seconde extension de la TNT, passe elle aussi çà et là des shows de la WWE depuis 2018 (après une première relation de moins d’un an avec la Ring of Honor dès 2015). Quant à la concurrence actuelle, les shows de l’AEW sont également sur le câble depuis 2020 sur Warner TV Next (ex-Toonami) tandis que la NJPW et la CMLL furent un temps diffusée respectivement sur J-One puis l’Extreme Sports Channel et sur Gong.

L’évolution du catch français

S’agissant de la présence physique de la WWE en France, ces « superstars » ne sont plus venues qu’un à trois fois par an à partir de 2014. Et, quand bien même fans et familles disparaissaient de ses shows, le catch français, lui, s’est maintenu et a commencé à se consolider sur la base laissée par les précédentes années fastes. C’est durant cette période que Tristan Archer, un catcheur entraîné par Lance Storm au Canada et auteur d’une unique apparition à la WWE sous le nom de Clément Petiot pour le Cruiserweight Classic de 2016, a vraiment pu observer un changement pour le mieux dans les vestiaires.

« Les catcheurs français avaient mauvaises réputations à la fin des années 2000 et début des années 2010. Ils ne s’appuyaient que sur le style américain de la fin des années 1990, délaissant de vraies capacités techniques et athlétiques, témoigne l’ancien double champion du monde la wXw en Allemagne qui se surnomme lui-même ‘La révolution française’. Mais quand la WWE est partie, beaucoup des fans qu’elle avait créé en France se sont épris du catch avec plus de sérieux. De jeunes catcheurs comme Aigle Blanc, qui a pu se montrer à l’Arena Mexico, à l’All-Japan et même aux États-Unis lors du dernier weekend de WrestleMania, incarnent vraiment la rigueur et le travail qui transpirent des performances de la nouvelle génération. Aigle Blanc, tout comme un Senza Volto ou un Kuro, ont relevé le niveau moyen du catch français sur le ring jusqu’à ne rien avoir à envier à ce qui est proposé au Royaume-Uni, en Allemagne ou sur la scène indépendante américaine. Les promoteurs français s’accrochent encore à dépendre d’attractions étrangères, comme d’anciens de la WWE, pour attirer le plus de fans. Mais désormais, grâce à cette nouvelle génération de talents, je sens que les fans ont enfin une nouvelle raison prioritaire de venir à nos shows : pour voir d’excellents catcheurs français », conclut le vétéran, en évoquant « un possible imprévu » pour lui le jour de Backlash. A titre d’exemple, pour l’année 2023, Cagematch recense 211 événements organisés en France sur tout le territoire, en provenance d’une quinzaine de promotions différentes (alors même que certaines, comme Ouest Catch, n’ont pas survécu à la crise sanitaire de 2020) – un record.

La génération NT1 a aussi élevé une nouvelle vague de promoteurs, s’intéressant davantage à relever le niveau de production et de booking de leurs shows pour matcher celui des RevPro et autres wXw plutôt que de se trouver une place à chaque kermesse comme leurs prédécesseurs. L’un d’eux, Guillaume Andréoni, l’un des quatre cofondateurs de la BZW en 2019, coorganise un show dans l’après-midi du 4 mai, profitant de la visibilité de Backlash. (Le seul à en croire tous ceux que j’ai pu interroger ou Cagematch, alors même qu’une promotion locale, l’Aya, existe.) Aux côtés de la Rixe, une promotion bretonne de mentalité similaire, la BZW veut surfer sur la présence de quelques 12 000 fans français des six coins de l’Hexagone pour montrer l’exemple d’une production indépendante de qualité. « Notre but est d’amener les fans français de catch à s’apercevoir qu’ils peuvent trouver du catch de grande qualité même quand la WWE n’est pas là et de s’en enorgueillir », déclare Guillaume Andréoni.

Située initialement à Mons, une ville belge à la frontière française, Bodyzoï Wrestling s’est changé en Banger-Zone Wrestling en janvier 2024 pour capter une attention internationale en anticipation de l’événement de la WWE. Le même mois, plus de 700 fans se sont réunis en banlieue de Lille pour un show de la BZW construit autour de la première visite française de Minoru Suzuki et d’autres talents étrangers comme Kushida, Mao et Yoshihiko de la DDT, Trent Seven et Connor Mills de la RevPro et l’ex-AEW Joey Janela. « Les fans de catch français forment une petite mais très solide fanbase depuis les jours de la WWE sur NT1. Ces temps-ci, la plupart sont devenus de jeunes adultes avec un pouvoir d’achat et s’attendent désormais à un niveau de production qui mériterait suffisamment de leur attention et de leur argent », soutient le promoteur, à l’origine de sa propre plateforme de streaming, BZW+. Complet depuis deux mois, le show inter-promotionnel BZWxRixe aura lieu devant au moins 450 fans dans la Cité des Halles, une showroom du centre-ville, et comptera Samuray Del Sol (ex-Kalisto à la WWE), Tristan Archer, Senza Volto ou encore Aigle Blanc. L’événement comprendra également un « meet & greet » (une autre originalité de la BZW, comme ses commentaires anglophones).

Un défi fatidique

Le weekend de Backlash présente, en somme, deux opportunités. La première, pour la WWE, est une autre occasion de voir si sa nouvelle stratégie événementielle porte ses fruits même dans des coins moins cultivés que le Royaume-Uni ou l’Australie. Une nouvelle chance pour elle d’évaluer l’appétit des fans français après leur avoir servi seulement un show par an à Paris en 2022 et 2023, d’une part, et de tester la volonté des autorités locales de la payer pour revenir, d’autre part (comme cela a pu être le cas pour Clash at the Castle à Cardiff en 2022 ou Backlash à Porto-Rico en 2023). D’autant que John Cena a été aperçu en France, apparemment à Nice, ce mercredi – peut-être pour proférer à Lyon une promesse à la teneur londonienne ? L’office de tourisme de la Métropole de Lyon (qui comprend et encadre les activités de la commune de Décines-Charpieu) m’a confirmé qu’elle n’a pas donné un centime d’argent public pour la tenue de Backlash France. Contactées, la région Auvergne-Rhône-Alpes, le département du Rhône et même l’Olympique Lyonnais (propriétaire de la LDC Arena) ainsi que le promoteur de la WWE en France n’ont pas souhaité s’exprimer à ce sujet. Et ce, alors même que Paris semblait pourtant, autrement, tout indiquée. Le promoteur en question m’a néanmoins indiqué qu’aucune salle parisienne n’était disponible pour une réservation sur quatre jours d’affilée (les deux shows plus un jour de montage et un autre de démontage) à moins de cent jours des Jeux olympiques à Paris. Tout cela, en sachant que Netflix, malgré l’acquisition de l’ensemble des droits internationaux de diffusion de la WWE en janvier dernier pour l’année prochaine, ne prendra pas la main en France, étant donné qu’AB1 a renouvelé son contrat avec la compagnie pour « les prochaines années » au même moment.

La seconde opportunité est évidemment pour la scène locale. « Les catcheurs et promoteurs français d’aujourd’hui ont leur tête à la bonne place et ont retenu les leçons du milieu des années 2010, quand le catch est de nouveau passé de mode et est redevenu cliché pour le grand public, affirme Sturry, le YouTubeur qui, sur la base d’un pari ironique, a conduit à une déferlante du public français pour Baron Corbin lors du show d’avril 2023 et, peut-être, au regain d’intérêt de la WWE pour la France. La qualité actuelle du catch français rend la vie plus facile aux fans qui souhaitent affirmer et partager leur passion autour d’eux. Tant que les shows continueront d’améliorer leur présentation et leur qualité in-ring, même après le départ de la WWE et même si elle ne revient pas, les fans pourront encore en attirer d’autres à partager leur expérience et à prêcher la bonne parole à l’international sur les réseaux sociaux. Et ainsi ouvrir de nouvelles voies pour les catcheurs français, de sorte qu’ils puissent se faire une place sur la scène internationale. Il n’y a que ce genre d’actions positives qui pourront amener le catch français à croître dans le bon sens. » Des progrès sont encore à fournir, que ce soit dans le nombre encore très mince de catcheuses (et leur traitement sur le ring comme en dehors) ou dans ce qui pourrait être son identité singulière face au reste d’un monde du catch de plus en plus homogénéisé, mais la route désormais est la bonne.


* P.S. : Grâce à des commentaires avisés d’un certain Romain Mahut sur X, j’ai pu me rendre compte de quelques détails manquants sur la période Canal+ de la WWE, notamment deux choses après vérifications de mon côté. La première, c’est que vers 1996 et 1997, l’émission de Canal+ a été consacrée à la WCW (alors en plein boom) et non pas à la WWF/E. Celle-ci a été reléguée un temps sur une chaîne de l’ancien bouquet satellite TPS jusqu’en 2000. La seconde, c’est que certains des premiers house-shows en France (pré-2007) ont été retransmis sur Canal+ en tant qu’émissions spéciales uniquement pour la télévision française.

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